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Naufrage dans la Manche en 2021 : des doutes se font jour sur le rôle de l’armée française

Les autorités françaises ont-elles tenté d’organiser un contre-feu après le drame survenu le 24 novembre 2021 au large de la Côte d’Opale ? Cette nuit-là, au moins 27 personnes sont mortes noyées après que leur embarcation a chaviré au cours d’une traversée pour rejoindre le Royaume-Uni au départ de Dunkerque (Nord).
Un naufrage – le plus grave survenu dans la Manche jusque-là – qui fait depuis l’objet d’une instruction judiciaire. Outre les responsabilités des passeurs, la justice s’interroge sur des soupçons de « non-assistance à personne en danger » de la part des secours français. Les enregistrements des nombreux appels à l’aide des passagers de l’embarcation cette nuit-là se sont avérés accablants pour les militaires du Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross) Gris-Nez (Pas-de-Calais), qui n’ont envoyé aucun moyen de sauvetage à leur rencontre.
Le 18 novembre 2022, alors que Le Monde a révélé le contenu de ces appels et que l’enquête se poursuit, Europe 1 publie des informations sur le « profil controversé de l’opératrice des marins sauveteurs » qui a géré une partie de ces appels. Elle ferait partie des militaires qui ont négligé la situation de péril de l’embarcation et n’ont pas envoyé de secours, tout en assurant aux naufragés qu’ils étaient en chemin. « Ah bah t’entends pas, tu seras pas sauvé. J’ai les pieds dans l’eau, bah… je t’ai pas demandé de partir », avait-elle notamment commenté en aparté alors que les personnes à bord multipliaient les appels de détresse, par ailleurs relayés par les secours britanniques.
La radio dévoile le « passé trouble » de Fanny R., qui, convertie à l’adolescence, aurait été suivie par les services du renseignement territorial « au titre de l’islam radical » et inscrite de 2015 à 2019 au fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT). Une source anonyme est aussi citée, qui regrette « la difficulté de recrutement au sein de la marine » qui conduirait à favoriser le nombre « au détriment de la qualité ».
Dans un procès-verbal de synthèse versé à la procédure et consulté par Le Monde, les gendarmes enquêteurs s’étonnent de la fuite de cette information. « Les éléments avancés par le journaliste [d’Europe 1] ne sont pas dans l’enquête initiale », relèvent-ils. Ils précisent que le FSPRT est « réservé aux enquêteurs des services de renseignement », et se demandent si « le Cross, la préfecture maritime de Manche Mer du Nord, la marine nationale ont intérêt à attirer la lumière sur un personnel [de la marine] ».
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